We need to talk about Kevin

Publié le par Liameen

we-need-to-talk-about-kevin.jpg     We need to talk about Kevin, Lynne Ramsay, 1h42, 2 septembre 2011.

     Il faut qu'on parle de Kevin, Lionel Shriver, Belfond, juillet 2006, 450 pages, 22 €.

 

     Synopsis du film :
     Eva (Tilda Swinton) sacrifie sa carrière pour élever son fils Kevin (Ezra Miller). Dès la naissance du bébé, la relation entre la mère et l'enfant se complique. Mère et fils évoluent dans un climat extrêmement malsain. Juste avant ses seize ans, Kevin commet un acte irréparable et lourd de conséquences. We Need to Talk about Kevin raconte en flash-back la douloureuse plongée d'Eva dans ses souvenirs, ceux d'une mère dévastée par la culpabilité et l'incompréhension.

 

     Comme toujours avec les adaptations, on ne sait pas si le scénariste puis le réalisateur vont prendre dans l'histoire ce qui nous semble le plus important. Ici, pour avoir lu le livre avant de voir le film, j'ai vu ce qui manquait. Je n'ai pas trouvé le film mauvais, juste trop porté sur les faits, à l'inverse du livre où Eva se livre complètement, de façon épistolaire. 

     L'histoire est à la fois simple et trop compliquée. Le livre est un coup de poing subtil, brutal uniquement à la fin, particulièrement insidueux. Le film montre dès le départ que le sang est omniprésent, les images sont violentes, pleines de flash-backs dans lesquels les sentiments sont analysés cliniquement, sur les visages anguleux des acteurs. Quel que soit son âge, Kevin est dérangeant. Les trois acteurs qui l'interprêtent l'ont très bien cerné, il paraît malsain même avec une bouille de petit garçon. Le plus époustouflant est sans doute Tilda Swinton, qui rentre vraiment bien dans le personnage et qui physiquement est idéale face à Ezra Miller, on peut vraiment les croire mère et fils. Mais quoi qu'il arrive, on n'a que le point de vue d'Eva. Kevin est inaccessible.

     Le problème est dans le traitement de la confession d'Eva : il manque tout son questionnement intérieur, le pourquoi de ses choix et on ne voit plus que le manque d'amour, ou plutôt l'amour dénaturé par la force des choses dans cette relation naturelle et contre-nature à la fois. On se questionne dans le film si c'est le fond dès le départ mauvais de Kevin ou son éducation qui a fait de lui ce qu'il est, dans le livre Eva se livre à son auto-critique complète en parlant à son mari, lui expliquant point par point pourquoi elle n'aimait pas son fils, mais racontant également ses efforts pour être une bonne mère malgré tout, parce qu'elle tenait à son époux.
     Il y a tellement de points communs entre la mère et le fils que c'en est troublant, on peut se demander si Eva n'aurait pas un jour déraillé elle aussi. Perdu dans l'adolescence, Kevin cherche par tous les moyens l'attention de sa mère, au point d'en être cruel. Le concept de l'enfant-monstre prend ici tout son sens, mais on ne sait pas vraiment quoi en faire, puisqu'il n'y a pas de véritable réponse. Mais le livre donne au moins une chose que le film traite très mal : Eva n'est pas une victime. Ce n'est pas ainsi qu'elle se voit, et bien qu'elle ne comprenne pas le pourquoi des actions de son fils, elle en accepte sa part de responsabilité.
     J'ai aimé le livre, trouvé par hasard en bibliothèque, mais je ne le relirai pas. De même, bien que connaissant l'histoire, le film m'a choquée, l'ambiance glacée, les regards durs des acteurs perdue. Je ne sais toujours pas quoi en penser, à part que j'ai de la chance d'avoir grandi avec des parents comme les miens.

Publié dans Adaptations

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